Rentrée littéraire 2022 #26

Waubgeshig Rice, La lune de l'âpre neige

On quitte les Appalaches de Rash, cap au nord, tout au nord, au Grand Nord canadien, dans une réserve de la nation Anishinabée qui fait partie de ce que l’on n’appelle plus les nations indiennes mais les Premières nations. La tribu chez laquelle se déroule l’action a été chassée de la région des Grands Lacs, ses terres ancestrales, vers une région plus au nord, plus austère, plus dure à vivre, plus âpre. Lorsqu’une grande panne d’électricité survient, la tribu va être rudement secouée, laissant apparaître le fond des caractères, des plus solidaires aux plus faibles. Comment survivre quand les réserves de nourriture s’épuisent, quand les livraisons n’arrivent plus, quand on a laissé s’éteindre les traditions de chasse ? Car la panne n’affecte par que l’électricité, comme on l’apprend rapidement. Il n’y a qu’à se rappeler la ruée sur le papier toilette (entre autres) lors du premier confinement Covid en France pour imaginer ce qui peut se passer dans une situation d’isolement complet par des températures indécentes !

Alors, quand pour parachever le tableau, un blanc sans scrupule débarque dans la communauté, les caractères les plus trempés sont mis à rude épreuve. Quand les premiers décès surviennent et qu’on ne peut creuser de tombe dans une terre gelée, dure comme la pierre, on doit se résoudre à stocker les corps dans un entrepôt. Tandis que se pose de façon de plus en plus cruciale la question de la nourriture.

Le roman flirte avec plusieurs genres, entre thriller, roman noir et post-apocalyptique. L’auteur, Waubgeshig Rice, est journaliste et écrivain anishinabé, originaire de la réserve indienne de Wasauksing. Il vit actuellement à Sudbury, en Ontario, pas très loin des lieux où il situe son roman.

Waubgeshig Rice, La lune de l'âpre neige, Les Arènes, 304 pages