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Dominique Barbéris, Une façon d'aimer
Rentrée littéraire 2023 #13
Dominique Barbéris, Une façon d'aimer
Cameroun, fin des années 1950, à l’approche de l’indépendance. Le petit milieu colonial, administrateurs, fonctionnaires, militaires, planteurs, commerçants, hommes d’affaires… On se fréquente, on se frôle, on se trompe, on s’espionne. Madeleine, jeune nantaise, a suivi son mari fraîchement épousé pour s’enterrer à Douala entre ragots, ennui et désir. Sur un fond très moite fait de pluies soudaines autant que violentes, de sueur et de poussée du mouvement de libération. La jeune et timide provinciale, mal à l’aise, trouve difficilement sa place dans ce ballet de faux culs. Quand un des hommes du clan colonial la remarque et l’entreprend délicatement, elle voit peut-être différemment l’image de la petite nantaise que tout le monde lui renvoit. On pense à La jalousie, de Robbe-Grillet, pour l’ambiance et le jeu de séduction, et aussi à Moderato cantabile, de Marguerite Duras, pour la douce mélancolie partagée par deux êtres qui savent ne pas pouvoir s’unir. Il y a pire comme références !
L’histoire est classique, mais le récit prend du relief dans la mesure où il est produit par la nièce de Madeleine qui, bien des années plus tard, sa tante et son oncle ayant disparu, ça explorer le destin de ma soeur de sa mère à travers lettres et photos retrouvées dans une enveloppe. Et les souvenirs de Sophie, la cousine, fille de Madeleine, encore bébé à l’époque du séjour en Afrique. Quelle est cette étrange mélancolie qui envahit la narratrice au fil de sa quête ? Un temps enfui, une famille disparue, une tante qui serait peut-être passée à côté de sa vie ? On ne sait pas toujours pourquoi l’on est triste et l’on peut parfois y trouver du plaisir.
Dominique Barbéris, Une façon d'aimer, Gallimard, 208 pages
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