Rentrée littéraire 2023 #12

Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle   

Il y a bien des univers parallèles dans ce roman. Ou du moins presque parallèles puisque l’intérêt de ces univers réside justement dans les moments où paraissent les points de rencontre. Plutôt que parallèles, on pourrait dire superposés. Et parfois, donc, émerge comme une bulle de magma qui perce jusqu’au plan supérieur. Ainsi en va-t-il de cette ville, fantasmée ou pas, comment savoir, qui siègerait sous le village italien de Pietra d’Alba et d’où était monté, voici bien longtemps, le chant d’une flûte. Cette ville souterraine, un jeune joueur de flûte s’y serait égaré, selon ses dires. Mais comment savoir, vu que le garçon avait rendu l’âme après avoir raconté cela ?

De la même façon, que peut-il advenir de la rencontre entre Mimo, jeune sculpteur de génie, issu de rien, et la jeune Viola, fille de la très riche et très influente famille Orsoni ? Dans la villa des Orsoni, un espace étroit a été aménagé entre les murs extérieurs et les cloisons intérieures ; c’est là que se déplacent les domestiques, pour apparaître le moins possible à la vue des maîtres. surtout, éviter les frottements !

Il y a pourtant bien d’autres frottement tout au long du livre, entre les milieux les plus variés : hiérarchie catholique, jusqu’à la curie, cadres fascistes, cirque totalement minable, affairistes, mafieux et l’on en passe…

Et quel est le secret de cette Pietà sculptée par Mimo, petit de taille mais géant par son art ? Une sculpture qui plonge dans un tel état ceux qui la regardent qu’il faudra la cacher et la placer sous la garde de quelques moines, dans un monastère où Mimo finira ses jours, comme on l’apprend dès le début du roman.

Le titre lui-même peut s’entendre d’au moins trois façons différentes, à découvrir à la lecture de ce très beau roman.

Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, L’Icconoclaste, 592 pages