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Giuliano Da Empoli, Le mage du Kremlin
Rentrée littéraire 2022 #27
Giuliano Da Empoli, Le mage du Kremlin
Alors oui, bien sûr, voilà un livre d’actualité, comme ça a été dit. Est-ce la raison qui a poussé la moitié des jurés du Goncourt 2022 à s’arcbouter sur lui pendant quatorze tours ? Pourquoi pas ? Plus que d’actualité, le sujet est la Russie, les Russes, tels que les voit l’auteur. Le récit principal donne la parole à un ancien conseiller, Vadim Baranov, éminence grise de Poutine ayant contribué à sa mise sur orbite dans l’idée d’un oligarque qui pensait le contrôler à son profit. On sait ce qu’il arrivera, Poutine, dit le Tsar, agira au profit de Poutine et de ce qu’il croit être la grandeur de la Russie. Baranov est un personnage fictif, mais largement inspiré d’un personnage réel qui resta aux côtés de Poutine de 1999 à 2020, les vingt ans qui virent passer Poutine, de chef du FSB (service de contre-espionnage russe) au dictateur mégalomane que l’on connaît aujourd’hui. Tout ce qui est raconté est également inspiré du réel, donnant à voir les dessous du système, les objectifs dissimulés, le cynisme avec lequel les oligarques pillent le pays et Poutine se moque du peuple russe.
Le récit de Baranov est enchâssé dans celui d’un Français séjournant quelque temps à Moscou à la faveur d’une recherche universitaire. Il est contacté par Baranov, qui a totalement disparu de la scène publique, après un rapide échange sur un réseau social. Invité chez l’ancien conseiller, l’universitaire, dont on n’apprendra que le prénom, Vadia, va servir de public pour lequel le Russe déroule le récit de Baranov. L’enchâssement permet de présenter le cadre général et le personnage de Baranov. Quant à l’irréelle performance de Baranov, tenant un discours de plus de 230 pages en une nuit, on mettra ça sur le compte de la licence narrative !
Giuliano Da Empoli, Le mage du Kremlin, Gallimard, 288 pages
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