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Marc Dugain, Paysages trompeurs
Rentrée littéraire 2022 #23
Marc Dugain, Paysages trompeurs
La parution d’un roman posthume de John le Carré attire l’attention sur la littérature d’espionnage. Un peu oubliée ou passée à l’arrière-plan avec le développement du polar et surtout du thriller. L’évolution politique (au moins jusqu’à l’année dernière) joue peut-être son rôle : la dissolution de l’URSS, suivie de la conversion de la Russie au capitalisme (sous des formes particulières mais on ne va pas finasser ici) et de la baisse du niveau d’affrontement entre les blocs aurait-elle découragé les vocations ?
La parution de Paysages trompeurs arrive à point pour replonger. Et Marc Dugain prend la mesure de l’évolution politique. On trouve dans le roman un glissement des alliances qui ne stabilise jamais. Les Russes favorisent l’élection de Trump qui mise (en secret et pour ses intérêts privés) sur le marché iranien ; la voiture électrique rend moins prégnante la dépendance au pétrole et aux monarchies du Golfe ; lesquelles monarchies, sunnites, se tournent vers Israël pour contrer l’Iran, chiite ; Israël, allié officiel des États-Unis, se demande si Trump est vraiment le bon cheval. Bref, c’est le bordel !
Ben se retrouve en délicatesse avec son service, français mais dont on ne saura pas précisément ce qu’il est. Il va être approché par un autre service (mais est-ce bien un service ?) pour une opération assez originale. Difficile d’en dire plus…
On est bien dans le genre, avec les retournements surprises qui s’imposent, les opérations non avouables et le cynisme généralisé. De quoi passer encore une nuit blanche…
Marc Dugain, Paysages trompeurs, Gallimard, 240 pages
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