• Laurent Gaudé, Chien 51

     

    Rentrée littéraire 2022 #13

    Laurent Gaudé, Chien 51

    On connaît l’attrait de Laurent Gaudé pour d’autres univers que le nôtre. Peut-on parler d’univers lointain pour Chien 51 ? Nous sommes bien sûr dans un avenir dystopique, mais il ne faut pas trop se torturer les méninges pour y voir une extrapolation de notre présent. On retrouve certaines caractéristiques propres à cette forme romanesque, comme on a pu en voir ces dernières années dans plusieurs films ou séries. Dans Hunger Games, Divergente, Blade Runner, Snowpiercer, 3 % ou Trepalium, pour ne citer que les plus récents, on a une division très brutale entre les classes sociales. Tout lecteur ou spectateur y voyant une ressemblance avec un système dans lequel les 1% les plus riches de la planète possèdent près de la moitié des richesses mondiales ne serait pas bête. Et celui à qui ce roman ferait penser à un pays menant une politique d’apartheid contre une partie de sa population, leur déniant tout droit et colonisant leurs terres, peut s’attendre à se faire traiter de termes tout à fait déplaisants. On peut donc bien parler de l’actualité et de l’universalité du roman de Gaudé. On a ici la zone 1 des ultras privilégiés (genre « les 1 %) qui vivent dans le luxe et l’opulence, la zone 2 des privilégiés (classe moyenne supérieure) à l’abri des accidents climatiques sous un dôme protecteur et la zone 3 dont ne peut sortir la plèbe, la lie de l’humanité, les classes laborieuses.

    Le choix de la dystopie policière permet d’offrir un récit prenant, bourré de rebondissements, où le méchant ne l’est peut-être pas complètement, ou finalement si, encore qu’il faudrait voir… Et inversement pour le bon. Qui sommes-nous réellement, entre ce que l’histoire et la société ont fait de nous et ce que nous aspirions à devenir ? Un traître et un héros sommeillent-ils en chacun de nous ? Le héros du livre a sa propre réponse : « Mais aujourd'hui encore, après toutes ces années, si on me demandait ce que je suis, je répondrais sans hésiter : le gamin qui suivait son troupeau dans la montagne sacrée. » Et vous, que répondriez-vous à cette question ? Belle proposition pour un prochain atelier d’écriture, non ?
     
    Laurent Gaudé, Chien 51, Actes Sud, 304 pages

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