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José Falero, Supermarché
Rentrée littéraire 2022 #07
José Falero, Supermarché
Porto Alegre, Brésil, 2009. Le jeune Pedro en a marre de la pauvreté, de la maison sommaire qu’il partage avec sa mère dans une favela aux rues en terre. Il se dit que décidément, la société est mal faite. « Tous ses ancêtres avaient beaucoup travaillé toute leur vie, avaient appartenu à la classe sociale qui maintenait ce pays de merde en état de marche, et s’ils avaient toujours été pauvres, c’était parce qu’il devait y avoir quelque chose qui clochait… » Et ce n’est pas en restant dans les clous de la loi qu’il s’en sortira. Il va parler à son ami Marques, rayonniste comme lui dans un supermarché, de l’idée qui lui est venue pour devenir riche. Mais d’abord, il va lui faire, dans son langage, un véritable cours d’économie marxiste que n’aurait pas renié le camarade Ernest Mandel ! Ou comment expliquer la théorie de la valeur, la plus value et l’aliénation en trois coups de cuillère à pot. Génial ! L’idée, c’est de vendre de la marijuana là où plus personne n’en vend, à un tarif défiant toute concurrence pour vendre plus : taux de profit plus faible, mais gros bénéfices. Et partage à parts égales entre tous les membres du réseau. Le deal socialiste, quoi ! Ce ne sera pas la seule démonstration de Pedro qui montre un véritable don pour la vulgarisation de l’anticapitalisme, sans jamais le nommer bien sûr…
On imagine bien les rebondissements qui ne vont pas manquer dans cette histoire. Jusqu’où cette délinquance de rêve peut-elle aller ? On va suivre tout ça dans une langue très imagée et on imagine que le traducteur s’est bien débrouillé en reprenant des expressions actuelles bien de chez nous !
On peut lire ça comme un polar, une étude sociologique sur la répartition des richesses au Brésil (et par extension, un peu partout) et comme un roman sur l’amitié et la solidarité.
À. Noter que l’auteur est né à Porto Alegre en 1987 et qu’il sait de quoi il parle.
José Falero, Supermarché, Métailié, 304 pages
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