Rentrée littéraire 2022 #21

Léonora Miano, Stardust

Jeune Camerounaise de bonne famille, Louise se retrouve dans la dèche à Paris, avec sur la hanche sa fille Bliss âgée de quelques mois. Le père a disparu, peut-être joue-t-il de la musique en Angleterre. Née en France, Bliss permet à sa mère de ne pas être expulsable. Mais sans ressources, c’est l’errance de chambre d’hôtel miteuse en foyer d’hébergement. « Personne ne connaît ces endroits. Parfois, lorsque viennent les grands froids, on parle, au journal du soir, de ces foyers d’accueil pour les sans-abri. Nul ne sait vraiment à quoi ils ressemblent. Comment on vit là. »

Le rêve de Louise : une chambre dans une maison maternelle. En attendant, elle a du mal à trouver sa place en foyer, parmi toutes ces femmes aux formes rondes, enrobées dans des boubous multicolores.

Les chapitres à la troisième personne alternent avec les réflexions de Louise sous forme de lettre à sa grand-mère Mbambe restée au pays. On peut s’interroger sur la pertinence de ces chapitres à la première personne, dans la mesure où le narrateur externe nous en dit déjà énormément sur les pensées de Louise.

Impossible pour Louise de retourner chez Mbambe avec un bébé sur la hanche ! Difficile aussi de s’imaginer un avenir, la reprise des études laissées en bord de maternité, un travail, sans même parler d’un amour…

La vision de Léonora Miano est sans complaisance, sans misérabilisme, avec ce qu’il faut d’agressivité face à une situation héritée de siècles d’histoire pendant lesquels les pays subsahariens ont été gouvernés par « des égoïstes sans vision ».

« Inutile de mourir pour disparaître. Il suffit de n’être rien pour personne. »

Léonora Miano, Stardust, Grasset, 220 pages