• Leonardo Padura, Poussière dans le vent

    Rentrée littéraire 2021 #10

    Leonardo Padura, Poussière dans le vent

    Il y a maintes façons de parler de Cuba. Du point de vue du bilan social et politique, il y en a au moins deux. La comparaison aves les pays proches donne vraisemblablement l’avantage à Cuba pour la santé, l’éducation, la culture et même l’alimentation. Mais l’évaluation de la situation actuelle en comparaison des objectifs affichés par le régime, que ce soit à ses débuts ou aujourd’hui, offre une vision moins avantageuse. Padura se situe clairement du côté de la première manière de parler de son pays. Pourquoi pas ? C’est son choix et il est respectable. Il ne faut cependant pas extrapoler les conclusions ainsi tirées pour déterminer celles qui découlent de l’autre manière d’évaluer les choses. C’est pourtant ce que fait l’auteur ici. Certes, tout n’est pas rose, – et encore moins rouge – nous dit-il en substance, mais c’est pas plus mal que si c’était pire et malgré tout nous continuons d’y croire.
    Ses personnages, censés représenter une partie de la population cubaine, se débattant dans les difficultés du quotidien, s’aiment, se déchirent, se trahissent, se fuient, au point de lasser le lecteur le plus complaisant.
    Tout au long du récit, ces gens se demandent ce qui leur est arrivé, et l’on doit rapporter la question aussi bien au groupe d’amis qui est au centre du récit qu’à la société cubaine et au pays dans leur ensemble. On comprend bien le propos, il n’était peut-être pas indispensable de nous le répéter des dizaines de fois. Tout en l’accompagnant d’annonces incessantes sur tout le pire qui va ensuite leur arriver. Je n’ai rien en général contre les descriptions détaillées des états d’âme ni contre les répétitions, lorsqu’elles font sens dans la narration, ce qui ne m’a pas semblé être le cas ici. Ça en devient verbeux et très long, fastidieux par moments. D’autant que nombre d’épisodes reviennent à différents moments du livre, mais racontés à peu près de la même façon, parfois au mot près, sans que le fait que le lecteur, en sachant un peu plus sur ce qui s’est passé entretemps, y trouve un éclairage supplémentaire. L’éclatement de la chronologie peut, dans certains romans, donner de grandes choses, mais Padura, parti à la recherche du temps, s’y est un peu perdu.

    Leonardo Padura, Poussière dans le vent, Métaillé

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