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Ariane Ascaride, Bonjour Pa'
Ariane Ascaride, Bonjour Pa'
16/03/2021
Dans ces lettres adressées au fantôme de son père, Ariane Ascaride, à l’occasion de son confinement, nous parle du monde qui l’indigne, la surprend, l’enchante. Les gouvernants qui font n’importe quoi. Les amis qui sont partis se retirer à la campagne et postent sur les réseaux des images des fleurs de leurs jardins à l’intention de ceux qui restent en famille dans des appartements étriqués. L’inconscience de ceux qui ne respectent aucune précaution, au risque de répandre et prolonger l’épidémie.
Coup de gueule un peu, coup d’amour beaucoup, pour les gens, pour ses proches, pour ce petit-enfant à naître qu’elle ne pourra pas serrer dans ses bras. Quand Ariane parle de confinement, elle parle aussi de ce qu’il n’est pas, comme dans cet extrait.
« C’est tellement bien d’être amoureux en été ! De pouvoir passer des journées et des nuits entières à se regarder, s’approcher, se parler et se toucher enfin, en passant de la lumière explosée du midi à la chaleur moite du milieu de la nuit. De rentrer sans faire de bruit à trois heures du matin, le corps rompu d’avoir trop dansé sur une place de village ou sur le quai d’une calanque et, morte de faim, d’ouvrir le frigidaire, de finir les restes d’un plat et d’aller se coucher dans les draps restés frais – car la chambre a gardé les volets fermés pour éviter la chaleur – et de s’endormir avec le goût des abricots qu’on vient de mâcher voluptueusement, heureux, car on vient de manger l’été. »
Ariane Ascaride, Bonjour Pa’, Seuil
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