• Clichés marseillais #34

    Clichés marseillais #34

    Menpenti - Ça plane pour eux

    Clichés marseillais #34Le dimanche est passé à toute vitesse pour Gigi et Stella. Claudine était de service à L’Entrecôte et les amoureux ont profité de la pluie pour rester à Menpenti. Stella a apporté bougies, encens et quelques 33 tours. Les foulards sur les lampes et la musique planante créent l’ambiance !
    – C’est bizarre, comme musique !
    Façon polie pour Gigi de dire C’est quoi, ce truc de jobastres ?
    – Tangerine Dream, c’est sorti cet été. L’album, c’est Electronic Meditation. Et avant c’était Kraftwerk, un groupe allemand.
    – J’ai préféré le premier.
    – C’est vrai que c’est plus abordable. Après, il faut s’habituer, après on aime, c’est comme tout…
    – Stella, je crois que je suis en train de m’habituer à toi ! Mais dis, tu as des goûts particuliers, toi !
    – Pour une coiffeuse ? C’est ça ?
    – Pas du tout, il faudrait vraiment être con pour dire ça ! Remarque, y en a des comme ça. Mon ami Ber, le photographe, il appelle ça le mépris de classe. Les bourgeois s’imaginent que nous on n’est pas capables d’aimer des choses différentes. Parce qu’ils nous méprisent. Toi tu apprécies cette musique et moi, quand Ber m’a montré ses photos, j’ai adoré ! Et peut-être que si on se fait connaître ces trucs-là, on les aimera tous les deux.
    – Ben oui, ce serait super. Attends, je vais changer, Tangerine, on essaiera plus tard. Tiens,celui-là, je l’ai acheté cette semaine chez Raphaël.
    Stella sort une galette noire d’une pochette avec un visage de femme en noir et blanc encadré de violet et le pose sur le Teppaz de Claudine. Des craquements, quelques percussions puis une voix grêle. « Ce sera tout à fait comme à la radio… » Stella revient se pelotonner contre Gigi qui écoute, médusé. Huit minutes pendant lesquelles ils ne diront pas un mot, scotchés à cette dont on ne sait si elle chante ou si elle parle, ou un peu des deux. Au bout de la face A, la nuit est tombée derrière les fenêtres. Gigi a l’impression de sortir d’un rêve.
    – Ouah ! Magnifique ! Tu en as beaucoup, dans ce genre ?
    – C’est le premier que j’achète d’elle. Brigitte Fontaine.
    – Inconnue au bataillon !
    – Tu ne pourras plus le dire. Allez, la face B.

    C’est le moment que choisit Claudine pour rentrer, dégoulinante de pluie. La pièce est plongée dans des lueurs jaunes, oranges, rouges, des odeurs d’encens, ambre, vanille et la voix vacillante d’une femme qui se déclare encore vivante…
    – Qu’est-ce que vous foutez dans le noir ? dit-elle en allumant le plafonnier.
    Stella plonge sous les draps.
    – C’est bon, Stella, je t’ai vue, tu n’as pas à te cacher.
    – Mais non, banane, je me cache pas, c’est pour la lumière…
    – Eh bien moi je vous dis un truc : je suis vannée ! Vous préparez l’apéro pendant que je vais me sécher. Janot pour moi !

    (à suivre)

    À suivre chaque jour sur https://www.facebook.com/jeanpaul.garagnon

    L'intégrale est à retrouver sur ce blog http://brigou.eklablog.com/cliches-marseillais-c31530712

    « Clichés marseillais #33Clichés marseillais #35 »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :