• Clichés marseillais #30

    Clichés marseillais #30

    Retour à l'usine

    Clichés marseillais #30Lundi, 17h00
    Dans le bus qui le ramène de l’usine, Gigi retourne dans sa tête les évènements de la journée.

    Arrivé un peu crevé du week-end avec Stella, il a eu droit aux embrassades, serrages de main, clins d’œil, félicitations en tout genre et tournées de Janot à la pause de midi. Les gars ont l’air contents qu’un des leurs se soit payé un cogne, et les timides dénégations de Gigi ne douchent pas leur enthousiasme :
    – Pardi, c’est sûr, tu as fait un faux mouvement et le mec s’est jeté sur la trajectoire de ton manche de pioche !
    – Un drapeau, pas un manche de…
     – Ouais, sûr, un drapeau ! Même, je me demande si en fait tu as pas voulu t’allumer une clope, et l’allumette t’a échappé !
    Tournée de rigolade…
    Même le contremaître a eu un petit sourire, c’est le genre qui respecte « celui qui en a… ».

    Mais ce qui a le plus intrigué Gigi, c’est l’attitude du responsable du syndicat, dit le Gros. Il faut qu’il parle de tout ça avec Roger. Et peut-être à Ber aussi. À force de ruminer, le voilà à Menpenti et ce soir il a promis à sa sœur de rentrer tôt ; elle ne travaille pas le lundi, ils ont besoin tous les deux d’un moment de calme. Mais en arrivant sur le palier de l’appartement, il trouve la porte ouverte et Claudine dans tous ses états.
    – Gigi, Félix a disparu !
    – Comment ça, disparu ? Il est où, ce chat ?
    – Ce matin, quand tu es parti, tu l’as vu ?
    – Non, mais le fenestron de la salle de bain était ouvert, il doit être sur le toit du voisin.
    – C’est ce que j’ai pensé aussi, sauf qu’il n’est pas venu manger quand j’ai fait le café et ça, déjà, c’était bizarre. Et je ne l’ai pas vu de la journée.
    – Il doit vadrouiller avec les chats des voisins.
    Gigi se met au fenestron, il siffle et appelle.
    – Félix !
    Évidemment, pas de réponse.
    – Bon, il rentrera quand il aura faim. En attendant, moi j’ai soif. Je me prendrais bien un Janot. Tu veux quelque chose ?
    – Pareil. Ça t’inquiète pas plus que ça ?
    Bien sûr que ça l’inquiète, mais il ne veut pas le montrer. Ce chat, c’est le leur, ils l’avaient à Saint-Marcel chez les parents, récupéré tout petit dans la rue.
    – Laisse-lui le temps, on verra tout à l’heure.
    Gigi sert les pastis et ils s’installent dans les fauteuils.
    – Alors, l’usine ? Comment s’est passée la reprise, demande Claudine ?
    – Bizarre…
    – Bizarre comment ?

    Alors Gigi raconte. D’abord l’accueil sympa des collègues, puis, en début d’après-midi, le Gros qui arrive à l’atelier et lui fait signe de le suivre. Un mot en passant pour informer le contremaître et direction le local syndical. C’est la première fois que Gigi y met les pieds. Il a pris sa carte il y a peu de temps et n’a pas encore eu l’occasion de venir ici. La pièce sent le tabac froid et l’encre de ronéo, les murs sont tapissés d’affiches, les étagères surchargées de drapeaux, de brochures, de plaquettes et de tracts pas distribués. Un type que Gigi ne connaît pas est assis à la table, cigarette au bec.
    Le Gros fait les présentations : Baldini, Lopez.
    – Alors c’est toi Baldini, le fameux Gigi, demande le type ?
    Mais Gigi sent qu’il n’y a pas de question, il attend la suite.
    Le Gros précise :
    – Lopez est à la commission exécutive de l’UD.
    – Il faut qu’on parle de ce que tu as fait vendredi, dit Lopez. Y a un problème…

    (à suivre)

    À suivre chaque jour sur https://www.facebook.com/jeanpaul.garagnon

    L'intégrale est à retrouver sur ce blog http://brigou.eklablog.com/cliches-marseillais-c31530712

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