• Clichés marseillais #27

    Clichés marseillais #27

    Menpenti - Anchois, câpres

    Clichés marseillais #27En sortant du Palais de justice, son père l’a emmené voir un avocat qui l’a envoyé chez un médecin assermenté. Celui-ci a fait un certificat mentionnant les traces de nerfs de boeuf dans le dos, de coups de matraque sur les bras, les jambes, le torse et lui a délivré un arrêt de travail de trois jours. C’est vendredi, pas de bol, se dit Gigi, il devra reprendre lundi. En fin d’après-midi, Roger passe le voir à Menpenti et lui donne des nouvelles de l’usine.
     Il n’y a pas eu d’information syndicale mais Roger et ses amis ont fait tourner l’information sur l’arrestation et l’inculpation de Gigi. En moins de temps qu’il n’en faut à un minot sortant de l’école pour avaler un chichi fregi, tout Coder était au courant. Les gars sont remontés, ils veulent organiser une nouvelle manifestation, mais au local de la CGT l’ambiance est tendue. Les militants vont dans le sens des ouvriers, mais un secrétaire de l’Union départementale a appelé le Gros et le discours des délégués n’est plus en phase. En gros, explique Roger, ils disent que tu as peut-être un peu cherché ce qui t’est arrivé, que la violence n’a pas sa place dans leurs rangs, que ça discrédite le mouvement, enfin, les prétextes habituels pour calmer. Et Roger a appris par son camarade proche des responsables, c’est qu’on se méfie de Gigi qu’ils l’ont vu avec lui pendant toute la manif. Leur chef de groupe a ajouté son grain de sel en disant qu’il les avait vus ensemble passer devant la Taverne avant le second rendez-vous. Pour les « stals », comme dit Roger, fréquenter un « trotro », comme disent les autres, c’est pas net ! Gigi n’en revient pas, il ne comprend pas ce qu’on peut lui reprocher. Il a pris des coups, il risque le procès et en plus il faudrait qu’il se justifie face aux gens qui devraient le défendre ! Et les histoires de « stals » et de « trotros », ça lui passe au-dessus de la tête ! Roger le quitte, il a une réunion avec ses copains pour voir ce qu’ils peuvent faire. Il tiendra Gigi au courant. Celui-ci lui a donné le numéro de téléphone du salon de coiffure qui sera ouvert le lendemain, samedi. Stella fera passer la commission, d’ailleurs,  dès que Roger a filé, il l’appelle pour le lui dire. Bien sûr, elle est déjà au courant de ce qui lui est arrivé, elle n’est pas coiffeuse pour rien ! Pas étonnant que les jumelles l'aient dévisagé, tout à l'heure, devant le Balto..
    – Ta soeur est passée au salon, elle m’a tout raconté. C’est les vrais bordilles ces flics ! Non, maman, c’est bon, je parle à Gigi ! Excuse ! Claudine m’a dit que tu serais tout seul ce soir, je prends deux pizzas et je monte après le salon, ça te va ? Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux que je passe à la pharmacie ? Tu…
    – C’est bon, Stella, j’ai besoin de rien, mais d’accord pour les pizzas, c’est gentil !
    – Anchois avec câpres, pour toi, c’est ça ?
    – C’est ça !
    Gigi regarde l’horloge de la cuisine : six heures, j’ai le temps de me prendre la douche…

    (à suivre)

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