• Clichés marseillais #13

    Clichés marseillais #13

    Rue Paradis - Room in Marseille

    Clichés marseillais #13Glauque
    Les parents d’Eddy leur ont laissé l’appartement de la rue Paradis. C’est un immeuble bourgeois avec des colonnes en façade. L’appartement est mal fichu, le salon minuscule. La tapisserie verte crée une ambiance plutôt glauque. L’espace est presque entièrement occupé par un fauteuil catafalque et un piano droit dont personne ne joue.
    Ils passent leurs soirées dans le salon, Eddy lisant le journal, Jo attendant l’heure d’aller se coucher. Eddy a oublié qu’il avait épousé Jo. Jo se demande ce qu’elle pourrait faire pour ne plus voir la face de poulpe de son mari.

    *

    Liste de ce que je pourrais faire
pour ne plus voir la face de poulpe de mon mari
    Prendre des cours de piano
    Devenir bénévole pour Marseille 2013
    Acheter un abonnement avec « Marseille trop puissant »
    Organiser une soupe populaire sous l’ombrière du Vieux-Port
    Aller me faire coiffer par Marie toutes les semaines
    Trouver un amant dans un atelier d’écriture.

    *

    Rencontre
    Ils s’étaient rencontrés au lycée Thiers. C’était l’année où les filles avaient été admises. Les garçons étaient comme fous. Ils s’étaient rués sur les nouvelles arrivantes comme la vérole sur le bas clergé. Quand elle avait vu Edouard, tout beau, tout blond, tout bronzé, elle avait craqué. Il se faisait appeler Eddy. Elle s’appelait Josiane mais on l’appelait Jo. Après le bac, il avait fait HEC et elle un enfant.

    *

    Blanches et noires
    Blanche ma vie
    Noires mes idées.
    Blanche la page
    Où je n’écris pas.
    Noire l’encre qui ne coule pas.
    Touches blanches
    Désaccord majeur
    Touches noires
    Amour mineur.

    *

    Lettre à maman
    Maman,
    Ici ça va. L’année a commencé sur les chapeaux de roue. Marseille capitale européenne de la culture, c’est l’événement que nous attendions depuis longtemps. Eddy est enthousiaste, il a de plus en plus de travail avec les croisiéristes de plus en plus nombreux. Nous n’avons plus une soirée de libre, entre concerts, vernissages, performances en tout genre et invitations dans les soirées officielles. Je ne sais plus où donner de la tête. Et tout cela va durer toute l’année. Je suis aux anges.
    Ta fille qui t’aime,
    Jo

    *

    Vers la fenêtre
    Eddy est rentré du bureau
    Il a déplié le journal du soir
    Il ne parle pas, il n’a rien à dire
    Jo s’est mise au piano,
    Elle ne joue pas, elle n’a jamais su
    Elle va se lever et marcher vers la fenêtre.
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